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Le Val d'Aran

 
 
Géographiquement français...
 
 
Le Val d'Aran est un territoire espagnol constitué du bassin versant des sources de la Garonne. On y accède par la pointe sud du département français de la Haute-Garonne. Pendant très longtemps ce territoire est resté replié sur lui-même, et plus tourné vers la France que vers l'Espagne.

 

Ceinturé au sud et à l'est par une barrière de sommets dépassant les 2 500 mètres d'altitude, les Aranais ne pouvaient accéder au reste de la Catalogne pendant plus de la moitié de l'année en raison de la neige. Il leur a fallu attendre en effet 1924 pour que soit aménagé le Port (col) de la Bonaigua (2 072 m) et 1947 pour que soit percé le tunnel de Vielha qui allait véritablement les désenclaver...

Pendant des siècles, le seul passage naturel de la vallée conduisait donc au nord, vers la France...

Historiquement espagnol...

Par ailleurs, le Val d'Aran a été rattaché jusqu'au Xème siècle au Comté français du Comminges. Il a fallu attendre le XIIème siècle pour que ce secteur rejoigne la Couronne catalo-aragonaise, et 1389 pour qu'il soit intégré à la Principauté de Catalogne.

Pendant des siècles, les Aranais ont joui du droit de gouverner eux-mêmes leur territoire (jusqu'en 1835).

Cette autonomie historique leur a été restituée en 1991. Ils possèdent également leur propre langue : l'aranais, variante du gascon (et jusqu'en l'an mil, c'est le basque qui y était parlé...).

On le voit donc, un passé, une situation et une organisation vraiment très particulières pour la plus occidentale des vallées catalanes....

De montagnes et d'eaux...

Moins de 9 % du territoire aranais est plat ; un tiers est situé au-dessus de 2 000 mètres ! Ces deux seules affirmations laissent donc imaginer sa configuration : une vallée principale (parcourue par la Garonne) dans laquelle viennent déboucher une dizaine de petites vallées secondaires. Le tout étant très encaissé...

Car le Val d'Aran s'appuie au sud sur les contreforts du redoutable Massif de la Maladeta, qui recèle en son sein le Pic d'Aneto (3 404 m ; plus haut sommet des Pyrénées). Et l'on y compte pas moins de 3 sources potentielles différentes pour un même fleuve : la Garonne ! Selon les diverses... sources géographiques, si j'ose dire ! Je les présenterai ultérieurement...

De l'agriculture au tourisme...

Longtemps isolé, donc trop refermé sur lui-même, le Val d'Aran vivait en autarcie, ce qui n'empêchait pas la contrebande... Les Aranais étaient avant tout des agriculteurs et des éleveurs, qui devaient déployer beaucoup d'énergie pour cultiver de petites surfaces dans des conditions très difficiles.

Mais la ressource principale de la vallée était liée à l'exploitation des forêts : le bois descendait par flottage sur la Garonne jusqu'à Saint-Gaudens ou Toulouse...

Les nouvelles ressources économiques du XXème siècle ont pour nom hydroélectricité et tourisme. La réalisation de la station de ski (Royale de par la présence fréquente du Roi Juan Carlos...) de Baqueira-Beret, dans les années 60, a dynamisé l'ensemble de la région, et provoqué le boom du commerce (tabacs, alcools, artisanat,...) a destination essentiellement des Français.

Un chapelet de villages...

Le territoire n'est pas très étendu (620 km²), avec la configuration de relief que l'on a vue précédemment. Mais il compte tout de même une quarantaine de villages (totalisant 7 700 habitants), s'échelonnant en fond de vallée ou s'étageant sur quelque versant ensoleillé... Vielha (2 200 habitants) en est la capitale.

Contrairement à de nombreuses zones montagnardes équivalentes, la population a augmenté d'un quart au cours de ces dernières années. Cela s'est effectué dans le respect de l'environnement, les paysages n'ont pas été défigurés. Les nouvelles constructions (reprenant les matériaux de base du pays : pierre, bois, ardoise) s'intègrent parfaitement auprès des anciennes maisons rurales qu'elles ont envahies...

Une kyrielle d'églises...

Tout au long des 48 km de routes qui parcourent toute la vallée dans sa longueur, on ne manquera pas de remarquer le nombre important d'églises romanes dont les clochers harmonieux émergent au-dessus des toits des villages.

Bénéficiant également d'une organisation ecclésiastique originale (jusqu'en 1805 le Val d'Aran était rattaché à l'évêché français), le produit de la dîme reste dans la vallée, ce qui explique la richesse de ses églises.

Certaines renferment quelques trésors (rétables, peintures, sculptures sur bois, tel le Christ de Mijaran à Vielha).

Photo : l'église de Salardu (XIIème siècle, avec clocher du XVème).

Un extraordinaire terrain de randonnée...

La culture des champs d'altitude a laissé un grand nombre de chemins, et l'exploitation des bois un important maillage de pistes forestières... Si l'on y rajoute les sentes de montagne, cela crée un vaste réseau de sentiers de randonnée de tous niveaux : GR, PR, locaux...

Outre celui qui suit plus ou moins la Garonne et qui permet de remonter l'ensemble de la vallée principale, nombreux sont ceux qui, après avoir exploré le moindre vallon, partent à l'assaut des cimes. Lacs, cascades, anciennes mines, granges traditionnelles, refuges, sommets prestigieux,... sont autant de destinations très prisées des marcheurs.

Et quand s'y rajoutent les couleurs de l'automne et les premières neiges !...

TVA contre IVA...

Le commerce avec la France a de tous temps existé, régulé par des traités tel celui des "lies et passeries" signé en 1513, qui régissait également l'utilisation des pâturages par les troupeaux issus des deux côtés de la frontière. Dans un autre registre, la contrebande a longtemps été considérée comme un sport national par certains Pyrénéens, qu'ils soient du sud ou du nord...

A l'époque contemporaine, la différence des taxes entre la France et l'Espagne incite les hexagonaux à aller régulièrement effectuer un remplissage de coffre ! Ainsi, le supermarché implanté à Les près de la frontière ou les magasins traditionnels sont pris d'assaut, notamment lors des week-ends ou des vacances.

Essence, tabac, alcools, charcuteries, huile d'olive, viande d'agneau, fruits, artisanat,... ; beaucoup de produits peuvent être jusqu'à un tiers moins cher que sur notre territoire !...

Une identité forte...

Les Aranais sont très attachés à leur histoire et à leurs particularismes, comme le rappellent tout au long de l'année de nombreuses manifestations se déroulant dans une grande ferveur populaire. Ils n'ont pas oublié non plus leurs racines, et les anciens outils agricoles sont devenus des objets de décoration recherchés.

La cuisine est très typée également, avec des influences gasconnes indéniables. La "olla aranesa" (pot au feu aranais) est sans doute le plat le plus traditionnel de la vallée, auquel il faut rajouter pâtés, charcuteries, ragouts ou crêpes. Tout cela complété par les produits issus de la nature : champignons, truites, gibiers, fruits des bois...

Sport, nature et patrimoine...

Voilà très rapidement brossés quelques traits généraux et spécifiques de ce territoire catalan, que de nombreux monarques français ont essayé (mais en vain) de rattacher à la France afin de respecter ses particularités géographiques...

Lors de petits reportages ultérieurs, je vous proposerai de partir à la recherche des multiples sources potentielles de la Garonne, d'arpenter les vieilles ruelles de villages typiques, de parcourir les forêts colorées par l'automne ou de fouler les vastes étendues enneigées qui sont à la base du dynamisme aranais de ces dernières décennies...






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