La légende...
"...Dame Carcas, princesse musulmane, règne sur la citadelle, que Charlemagne assiège depuis cinq longues années déjà ! La famine élimine les habitants un à un.
La rusée Dame Carcas place des mannequins de paille sur les remparts et jette par dessus les fortifications le dernier porcelet gavé de la dernière ration de blé disponible...
Charlemagne lève alors le siège d'une ville où croit-il abonde la nourriture, alors que la reine des lieux fait sonner les cloches à toute volée.
Carcas... sonne ! Carcas... sonne !"
La réalité historique...
Les Romains, 2 siècles av. J.C., fondent la ville de Carcasso qui devient ensuite le chef lieu de la province de la Narbonnaise.
Au IIIème siècle, face à l'insécurité, la ville est resserrée sur sa butte et est entourée sur plus de 1 200 m d'un mur d'enceintes...
L'histoire médiévale...
Au XIIème siècle, les Trencavel se proclament Vicomtes de Carcassonne. Leur règne sur la ville pendant plus d'un siècle est synonyme de prospérité, embellissement et indépendance.
Partisans du mouvement cathare, la Cité est assiégée par les Croisés en 1209, et le Comte Raymond Trencavel est dépossédé de ses biens.
Pendant huit ans, la ville sert de quartier général à Simon de Monfort dans sa lutte au catharisme.
Une deuxième ligne de remparts vient doubler l'enceinte antique après le siège de la Cité en 1240 par le fils Trencavel qui tentait de reprendre sa Vicomté...
La Porte Narbonnaise...
Située en direction de Narbonne (d'où son nom), elle constitue l'entrée principale de la Cité, et c'est la seule où pouvaient passer les chars. Construite au XIIIème siècle, flanquée de 2 tours hautes de 30 mètres et en forme d'éperon, elle est agencée comme un véritable château fort.
En haut des murs, on aperçoit les trous qui supportaient au Moyen-Age des balcons en bois sur lesquels prenaient place les défenseurs chargés de repousser les assaillants.
C'est de là qu'étaient lancés pierres et fagots enflammés sur les troupes ennemies...
Une chaîne en barrait l'entrée ; herses et pont-levis se succédaient pour constituer un multiple dispositif de fermeture.
Le Grand Puits...
Il est le plus ancien des 22 puits recensés dans la Cité. Ses colonnes et ses ferronneries sont de style renaissance. Sa profondeur atteint les 40 mètres, creusés dans le grès, et le diamètre de son ouverture est de 3,70 m. Figurant parmi les plus remarquables ouvrages de ce type, il est source de multiples légendes...
Le Château Comtal...
Il a été adossé à l'enceinte primitive, et a été édifié sur l'emplacement d'une construction du Haut Moyen-Age, elle même implantée sur une bâtisse fortifiée gallo-romaine...
Il a été construit à la fin du XIIème siècle selon un plan rectangulaire de 80 mètres sur 40. Il est entouré d'un fossé sec, et flanqué de 6 tours équipées de hourds.
Le pont-levis initial a été remplacé par un nouveau pont au XVème siècle. Les bâtiments se déploient autour de 2 cours, et ont subi de nombreuses transformations par la suite... Ils abritent un musée retraçant l'hidtoire de la Cité depuis l'Antiquité jusqu'au XVIIème siècle.
La porte d'Aude...
C'est sans aucun doute le secteur qui permet de bénéficier du meilleur point de vue sur les remparts et sur le château... L'idéal est de franchir la porte, de descendre la rampe située entre les 2 remparts (c'est ici qu'ils sont les plus rapprochés), puis d'emprunter un vieil escalier pavé qui permet de rejoindre l'église St-Gimer, et de relever la tête...
On a alors un magnifique panorama sur la Cité, et l'on peut détailler à loisir les différents éléments relevant de l'architecture défensive médiévale : tours, créneaux, barbacanes, échauguettes, poternes, châtelets, place d'armes,...
La basilique...
La basilique Saint Nazaire et Saint Celse serait implantée sur l'emplacement d'une église primitive bâtie au VIème siècle pendant le règne des Wisigoths. Elle fut cathédrale jusqu'en 1803.
Elle mêle les styles roman et gothique : la nef à la masse imposante pour le premier, et le choeur et le transept plus légers pour le second.
Elle abrite de très beaux vitraux à contempler à différents moments de la journée pour bénéficier des meilleurs éclairages naturels, et de nombreuses ouvres d'art.
Les lices...
Les lices sont constituées par le chemin de ronde situé entre les deux enceinte ; elles font entièrement le tour de la Cité, et permettent de se rendre compte de son envergure.
L'enceinte extérieure a été réalisée aux XIIIème et XIVème siècles, et présente donc une belle homogénéité et un véritable catalogue de l'art militaire.
L'enceinte intérieure est bâtie sur la base des fortifications primitives. On rencontre donc des parties datant de différentes époques : énormes blocs rocheux du 1er siècle, couches de moellons et briquettes du Vème, superbes pierres lisses du XIIème...
Ville haute et ville basse...
Au XIIIème siècle, Saint-Louis fait raser les faubourgs bâtis de façon anarchique au pied de la Cité, pour construire une nouvelle ville de l'autre côté de l'Aude. Son ordonnancement sera inspiré de la localité d'Aigues-Mortes : plan en damier, rues à angles droits.
Elle est entourée de remparts et de bastions d'angles (démantelés au XVIIIème) ; l'actuelle cathédrale St-Michel est construite. La ville va prospérer grâce à l'industrie drapière.
Parallèlement, la Cité est remise en état (après les sièges successifs qu'elle a subis) et renforcée.
Le Pont Vieux sert de trait d'union entre les 2 quartiers.
Le coeur de la Cité...
Il est très agréable de parcourir les ruelles tortueuses de la Cité, au pied des vieilles façades souvent agréablement restaurées, ou de s'asseoir à une terrasse de café occupant une partie de placette.
En haute saison, c'est l'invasion... En hiver, la majorité des commerces sont fermés. Il faut donc trouver un compromis entre ces deux périodes pour bénéficier de l'animation proposée par les artisans, les artistes, les aubergistes,... sans être bousculés par la pression de la foule !
Une ville forte unique...
Inscrite au Patrimoine Mondial de l'UNESCO depuis 1997, la Cité constitue l'ensemble architectural médiéval le plus complet et le mieux conservé d'Europe.
Ses 3 kilomètres de remparts (1 287 m pour l'enceinte intérieure et 1 672 m pour l'extérieure) et leurs 52 tours d'apparence intacte sont mis en valeur chaque 14 juillet lors de l'embrasement de la Cité.
Cette féérie nocturne remonte à l'année 1898, lorsque des feux de bengale illuminèrent les remparts pour fêter le passage de célébrités languedociennes sous l'égide des Cadets de Gascogne...