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En raquettes
dans la vallée du Badet

Nous sommes, pour les Tarnais s'entend, sur la route des Pyrénées Centrales. Un petit arrêt sur l'aire autoroutière du Pic du Midi, et nous poursuivons le voyage pour rejoindre la Vallée d'Aure.

Nous quittons l'A 64 au niveau de Lannemezan, traversons Sarrancolin et Arreau, puis après Saint-Lary la vallée se rétrécit et la route fait alors corps avec la Neste.

Ce torrent local se transforme en canyon encaissé sur certaines portions de son parcours, que nous suivons jusqu'à la chapelle des Templiers. Les versants nord des montagnes sont couverts de vastes sapinières, magnifiques lorsqu'elles ont revêtu leur blanc manteau hivernal...

Passé le dernier hameau d'Aragnouet, la route grimpe en lacets et flirte fréquemment avec le vide. Arrivés à la station de Piau-Engaly, c'est la séparation entre amateurs de glisse et raquettistes du jour...

Nous franchissons le plateau principal sur lequel cohabitent skieurs et promeneurs, offrant une très belle vue sur le Pic de Piau.

Sur les pentes, les canons à neige fonctionnent même si l'enneigement est conséquent, et des tourbillons de flocons superbes à contre-jour donnent un air de fête au site. Afin d'accéder au lit du Badet, nous évoluons sur les bordures la piste d'initiation du Mouscadès.

Contournée la dernière cabane du télésiège, un petit chemin permet de descendre vers le torrent en partie pris par la glace.

Il s'agit de la Neste de Badet, qui sert ici de limite au Parc National des Pyrénées, présentant là sa partie la plus orientale : à partir de Piau, il s'étire sur plus de 110 km le long de la frontière franco-espagnole en direction de l'Atlantique...

Dans la neige vierge les traces d'animaux se croisent et s'entrecoupent : chaque soir, à la fermeture des remontées, ils parcourent la montagne à la verticale des câbles avec l'espoir de récupérer quelques miettes que les skieurs-grignoteurs des télésièges auraient tombées !

 Pour aborder la portion principale de la randonnée, il suffit de passer le pont, et de prendre comme objectif la petite cabane de Moune, construite en bas du versant sud, afin de profiter au maximum du soleil.

Si les éleveurs ne l'utilisent plus de nos jours, elle était indispensable autrefois, quand les bergers restaient nuit et jour auprès de leurs troupeaux.

A cette époque, la route de la station n'existait pas, et ce secteur d'estive se trouvait donc à plusieurs heures de marche de la première ferme.

Pour les randonneurs, cette cabane constitue un endroit idéal pour se désaltérer ou pique-niquer, mais aussi pour observer, sous la barre rocheuse de la Crête des Cintes Blanques, les hardes d'isards qui colonisent les plaques herbeuses que les coulées ont déneigées.

 
 
 
Après cette petite pause, nous bifurquons à gauche au niveau de la cabane, pour partir à l'assaut des vastes pentes enneigées baignées par un soleil généreux.

 Il est possible de poser ses raquettes dans des traces déjà faites, ou de s'élancer sur des zones de neige vierge : comme la Neste de Badet est notre fil conducteur et que le panorama est dégagé, l'itinéraire apparaît de lui-même...

 

 Nous prenons progressivement de la hauteur, et laissons quelques skieurs de randonnée qui partent à l'assaut du Port de Campbieil (2536 m), afin de descendre les longs couloirs de neige que l'on apperçoit au-dessus de nos têtes...

Les derniers bruits de la station se sont estompés, et l'on peut apprécier à sa juste valeur le superbe écrin en blanc et bleu intenses qui nous entoure.

Après avoir profité des grands espaces, un ressaut se présente. Personne ne s'y étant encore aventuré, il faut profiter du recul pour repérer le passage qui sera le plus judicieux.

Nous allons tracer une piste en zig-zag, aux lacets plus ou moins rapprochés, en fonction des nombreux blocs qui vont jalonner le parcours.

Nous sommes dans un secteur d'éboulis, où de nombreuses marmottes sont en train d'hiberner : elles affectionnent particulièrement ce secteur couvert de nombreux blocs rocheux de toutes tailles où, l'été, leurs cris stridents accompagnent les randonneurs...

Afin d'effectuer une boucle, nous sommes montés par la rive droite du torrent, et le lac représentant le but de la rando étant situé sur la berge opposée, il va falloir traverser le cours d'eau.

Mais ici, contrairement au départ, il n'y a pas de pont aménagé. Arrivé sur un petit plateau, il convient donc de repérer un passage possible, à l'écart des cascades, pour traverser la Neste.

Nous descendons en nous enfonçant profondément dans la neige épaisse le petit talus en évitant des corniches instables, ou les traitres ponts de neige, traversons à cheval sur les rochers émergeant en s'aidant des bâtons pour conserver un équilibre instable, et remontons sur la rive droite après avoir tassé quelques marches avec nos raquettes.

Le lac de Badet est maintenant juste au-dessus de nous, et nous l'atteignons en un petit quart d'heure par une série de longues traversées. En ce début de mois de janvier, à 2084 m d'altitude, il est bien évidemment gelé et recouvert de neige, se fondant parfaitement dans le paysage.

En regardant en contre-bas, on peut repérer aisément nos traces, pendant le franchissement du torrent qui, sur un replat, se divise en plusieurs bras.

En arrière-plan, au-dessus du lac, se dresse le Pic de la Géla (2851 m), alors que sur la droite se détache la forme caractéristique du Pic des Aguilous (2842 m).

A la belle saison, le lac de Badet est en fait une lagune peu profonde dans laquelle se reflètent au lever du soleil les multiples sommets des alentours, et où viennent se désaltérer les troupeaux de brebis (voir en fond d'article).

Alors que le soleil va bientôt disparaître progressivement derrière les crêtes, il est temps de redescendre afin de pouvoir profiter de ses derniers rayons jusqu'à l'arrivée.

Après avoir ouvert une nouvelle piste dans la pente, nous retrouvons rapidement les berges du ruisseau du Badet, que nous allons suivre en rive droite jusqu'au bas de la station de Piau-Engaly.

Par moments nous repérons en face l'itinéraire de la montée, passons à proximité d'un abri ou d'un parc pour troupeaux, croisons sur la fin plusieurs équipages de chiens de traîneaux glissant sur un large chemin qui a déjà basculé dans l'ombre.

La remontée vers le parking nous offre les derniers rayons de soleil de la journée, et avant de redescendre dans la vallée, nous jetons un dernier regard émerveillé vers le cadre somptueux qui a abrité cette agréable balade...

La station de Piau-Engaly, point de départ de la balade

Le lac de Badet en été

Le torrent du Badet en aval du lac




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