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Le TARN, par MONTS et par VAUX (5)

La Montagne Noire 

Hautpoul

Au pied de la Montagne Noire, occupant un éperon rocheux contrôlant les vallées de l'Arnette et du Thoré, le village d'Hautpoul a été occupé depuis l'antiquité. C'est un vassal du Comte d'Albi qui créa la maison d'Hautpoul et fortifia le site en 936 avant de partir pour les croisades.

En 1232, lors de la croisade contre les Albigeois, Simon de Montfort s'empara de la forteresse et la fit raser afin de faire disparaître ce "repaire d'hérétiques". Au XVIème siècle Hautpoul connut une période troublée et passa alternativement sous domination des catholiques et des protestants...

Mazamet

Abandonnant Hautpoul, les habitants s'installèrent dans la vallée et créèrent la bourgade de Mazamet où se développa l'industrie textile qui ne cessa de progresser jusqu'au XIXème siècle.

A cette époque, afin de compenser le manque de laine issue de la production locale, deux industriels achetèrent à bas prix des peaux provenant d'Amérique du Sud. Ainsi naquit le délainage (opération consistant à séparer la toison de la peau) qui allait faire la richesse et la réputation de la ville dans le monde entier...

Mazamet : les usines

Ce sont ainsi plus de trente usines de délainage qui furent construites le long du torrent de l'Arnette en amont de la ville, sous l'impulsion de la bourgeoisie protestante locale. Cette petite ville de province devint ainsi l'une des pionnières du commerce international, en maîtrisant sur place tous les rouages : négociation, spéculation, réseaux commerciaux, transports, communications,...

Désormais, la grande majorité de ces usines à l'architecture particulière ont cessé toute activité, et seules émergent dans le paysage leurs hautes cheminées de brique rouge...

 



Lac des Montagnès

A 7 km de la ville, sur la route de Carcassonne, s'étend l'agréable site du lac des Montagnès. Ce barrage inauguré en 1934 était destiné à l'origine à alimenter en eau les villes voisines de Mazamet et Aussillon.

Aujourd'hui, ce plan d'eau entouré de prairies et de bois, propose l'été une plage surveillée qui draîne mazamétains et touristes. Par ailleurs, ce hâvre de fraîcheur situé aux portes de la localité est devenu une petite zone résidentielle très prisée...

Méridienne Verte

 
La Méridienne Verte a été créée pour célébrer le passage au XXIème siècle... C'est l'architecte Paul Chemetov qui a suggéré de planter des arbres sur le tracé du Méridien de Paris, de Dunkerque jusqu'à Prats de Mollo.

Elle traverse 8 régions françaises, 20 départements et 337 communes, définissant un itinéraire de randonnée de plus de 1200 km. Un pique-nique républicain (particulièrement arrosé...) avait été organisé dans chaque commune le 14 juillet 2000...

Dans le Tarn, 25 communes dont : Tanus, Ambialet, Teillet, Arifat, Burlats, Mazamet,... Photo de la borne du lac des Montagnès à Mazamet (Tarn).

 
 

 Pic de Nore

 

C'est aussi une véritable frontière climatique : le versant nord, tarnais, est particulièrement boisé et bénéficie d'un climat continental. Par contre, le versant sud, audois et tourné vers la Méditerranée, est plus sec et accueille garrigue, vignes et oliviers...

Pic de Nore

Le Pic de Nore constitue un intéressant balcon du Parc Naturel régional du Haut-Languedoc. Ce dernier soubresaut du Massif Central offre effectivement par temps clair un fantastique panorama, depuis le Mont Ventoux dans le Vaucluse jusqu'au Pic du Midi d'Ossau dans les Pyrénées-Atlantiques.

Sa situation dominante sur la ligne de partage des eaux entre Atlantique et Méditerranée lui assure un climat polaire en hiver et caniculaire en été ! Sa position de vigie régionale lui a valu d'être doté d'un relais de télévision irriguant toutes les étranges lucarnes du grand sud...

Montagne Noire : cèpes

Les versants tarnais de la Montagne Noire, bénéficiant tout à tour d'humidité et de chaleur, sont un véritable repaire pour toutes sortes de champignons ! Que ce soit dans les bois de feuillus (chênes, châtaiginers ou hêtres suivant l'altitude), les forêts de conifères (pins, sapins, épicéas ou mélèzes) ou les lisières de prairies, les cryptogammes abondent quand les conditions sont favorables.

Dans la région, le roi des champignons est incontestablement le cèpe et quand il est de sortie c'est à une véritable ruée (engendrant parfois des incidents) vers les bois réputés à laquelle on assiste ! Mais girolles, pieds de moutons, trompettes de la mort, morilles, lactaire ou rosés des prés sont aussi très recherchés et appréciés...

Verriers

Du XVème au XVIIIème siècle les flancs boisés de la Montagne Noire ont hébergé plusieurs centres importants de verrerie. En effet, on trouvait sur place et en abondance les matériaux indispensables à la confection du verre : sables, oxydes (obtenus par la combustion des fougères), et bois pour le chauffage des fours.

Les gentilhommes-verriers étaient à l'époque les seuls nobles de la société autorisés à travailler manuellement, une compétence issue des Croisades. Chaque verrier pouvait souffler plusieurs centaines de petites pièces par jour : bouteilles, lampes, gobelets, flacons,...

Labastide-Rouairoux

Toute cette région composée par le bassin du Thoré où l'eau abonde utilise l'énergie hydraulique depuis la nuit des temps : moulins à grains d'abord puis foulons impulsant une industrie textile dont les productions inondaient la consommation régionale.

C'est le village de Labastide-Rouairoux qui symbolise le mieux la présence des tisserands dans cette contrée depuis le XIIème siècle. Une ancienne manufacture abrite l'écomusée retraçant plusieurs siècles de tissage...

Labruguière

Entre Castres et Mazamet, se trouve la "circulade" de Labruguière ; tel est le nom donné à ces villages de forme circulaire, dans lesquels au moyen-âge les maisons situées à l'intérieur des remparts s'enroulaient autour de l'église.

Outre cette particularité architecturale, Labruguière s'enorgueillit d'avoir vu naître l'inventeur de la photographie aérienne automatique : Arthur Batut. Il eut en effet l'idée d'installer une chambre noire sur un cerf-volant, l'obturateur étant déclenché par la combustion d'une mèche d'amadou ! Et voici l'image qu'il obtint ainsi en 1891, à 250 m de haut, de son village...

Sorèze : Berniquaut

L'oppidum de Berniquaut, installé sur une barre rocheuse composée de calcaires vieux de plus de 540 millions d'années, accueillit 10 siècles avant J.C. les habitants du "futur" Sorèze qu'il domine du haut de ses 568 mètres !

Plusieurs époques se juxtaposent sur ce site stratégique situé sur la voie d'Aquitaine entre Albigeois (Rutènes) et Lauragais, occupé dès l'âge du bronze : oppidum pré-romain de Verdunus, forteresse carolingienne, bourg médiéval de Brunichellis...

Sorèze

C'est vers le XIIème siècle, à la faveur de périodes moins troublées, que les habitants abandonnèrent le site perché de Berniquaut pour s'installer au pied de la Montagne Noire et fonder la bourgade de Sorèze. Ce "village de caractère" offre dans sa partie ancienne de splendides maisons à pans de bois.

Pépin le Bref y construisit à partir de 754 une abbaye qui fut plusieurs fois détruite puis relevée : invasions normandes, croisade cathare, guerres de religion. L'abbatiale actuelle date du XVIIème siècle et abrita une abbaye-école de renom qui attira des élèves du monde entier (en 1776, Louis XVI en fit l'une des 12 écoles royales militaires du pays)...

En Calcat - Dom Robert

A proximité sur la commune de Dourgne, le monastère d'En Calcat, d'architecture néoromane et bâti en pierre de pays, est reconnu internationalement pour ses chants grégoriens et les tapisseries de Dom Robert.

Dom Robert, de son vrai nom Guy de Chaunac, y fut déniché par Jean Lurçat qui l'entraîna à Aubusson. Parti 10 ans dans des monastères lointains, il créa une oeuvre qui fait de lui l'un des plus grands cartonniers du XXème siècle, délaissant les thèmes religieux pour réaliser une ode à la nature...

Durfort

Sur l'autre versant de Berniquaut par rapport à Sorèze, Durfort (autre village de caractère) s'étire le long de l'étroite vallée du Sor. D'abord animé par une importante industrie drapière, le village reconvertit au XVIème siècle ses moulins-foulons en "martinets" (marteaux-pilons) au service du travail du cuivre.

Les ruelles du bourg sont parcourues en leur centre par des rigoles utilisées pour nettoyer les pièces produites dans les ateliers voisins des dinandiers. De nos jours une trentaine d'artisans perpétue cette tradition grâce au martinet de la Claverie, le dernier à fonctionner encore en Europe !...

Arfons : hêtre de St Jammes

En montant au coeur de la Montagne Noire vers le village isolé d'Arfons, la petite route passe à proximité du plus vieil arbre du département : le hêtre de Saint-Jammes. Multi-centenaire (il a plus de 450 ans), son tronc mesure 6 mètres de tour de taille et sa frondaison plus de 90 m de circonférence !...

Autrefois situé sur les chemins de Saint-Jacques, il domine une ancienne chapelle et son cimetière, abandonnés à la fin du XVIIIème siècle, et devenus une motte tumulaire dont ils sont dégagés par les membres de la société archéologique du Sorézois...

Arfons : la prise d'eau

C'est tout ce secteur forestier excentré du Tarn que Pierre Paul Riquet a patiemment arpenté pour résoudre son principal problème : comment alimenter en eau le futur Canal du Midi ? Et c'est ici, à la limite du Tarn et de l'Aude qu'il a trouvé la solution, détournant une partie des eaux de l'Alzau.

Depuis cette Prise d'Alzau (réalisée en 1667), en la combinant avec celle de petits torrents voisins au débit régulier, il amena l'eau nécessaire à son projet pharaonique pour l'époque jusqu'au seuil de Naurouze où s'effectue le partage des eaux du Canal...

Les Cammazes : la Rigole

Et c'est par l'intermédiaire de la Rigole de la Montagne que l'eau s'écoule par gravité naturelle jusqu'à sa destination. Cet étroit canal, dont le fond est souvent tapissé de briques rouges, se joue des courbes de niveau et navigue entre Tarn et Aude.

Le chemin qui la longe en permanence est particulièrement agréable ; il offre un lieu de promenade fort ombragé en été et très recherché en toutes saisons. Sa faible déclivité le rendent accessible au plus grand nombre...

Les Cammazes : la Voûte

Arrivée aux Cammazes, la Rigole se heurtait à une barre rocheuse. C'est Vauban, en 1686, prenant le relais de Riquet décédé, qui fit percer une galerie permettant à la Rigole de changer de vallée.

Longue de 122 mètres, cette voûte remarquable est flanquée d'une double banquette que l'on peut emprunter pour la traverser. A chaque extrémité, l"ouvrage était orné de bas-reliefs affichant canons, drapeaux, armes et devise de Louis XIV ; ce qui leur valut d'être martelés à la Révolution !...

Saint-Ferréol : le Bassin

La voûte des Cammazes franchie, l'eau s'écoule ensuite en direction du Bassin de Saint-Ferréol que Riquet fit construire pour y stocker l'eau afin de pouvoir la prélever ensuite en fonction des besoins.

Cette retenue, la plus importante d'Europe à l'époque, est fermée par une digue de 871 mètres de long, haute de 35 m et large de 117 m à sa base ! De nos jours ce site, où se rencontrent les départemenst de l'Aude, de la Haute-garonne et du Tarn, est un lieu de villégiature recherché...

Parc Naturel Régional du Haut-Languedoc

Les 2 derniers secteurs tarnais que je viens de présenter (Monts de Lacaune et Montagne Noire) sont en partie inclus dans le Parc Naturel Régional du Haut-Languedoc, créé en octobre 1973.

Son territoire de 260 500 hectares (pour une population de 82 000 habitants dispersés sur 92 communes) se répartit à peu près équitablement entre les départements du Tarn et de l'Hérault, et par là-même entre les régions Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon. Il comporte des sites naturels remarquables dont beaucoup sont déjà présentés sur ce site (avec d'autres à venir) ; le Sidobre pour le Tarn ou le Carroux (Gorges d'Héric) pour l'Hérault... pour ne mentionner qu'eux...

Dans le Parc du Haut-Languedoc, près de Labastide-Rouairoux, lors de l'épisode neigeux de janvier 2010.


Depuis les pourtours du lac des Montagnès, la vue se dégage sur le massif du Pic de Nore, principal sommet de la Montagne Noire (1211 m). Cette imposante montagne, qui a incontestablement usurpé le vocable de "pic", est une véritable barrière séparant les départements du Tarn et de l'Aude.



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