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Sauveterre de Rouergue, bastide en Ségala

Vous voulez revenir au Moyen-Age ? Alors, n'hésitez pas, un détour par Sauveterre s'impose : ce "plus beau village de France" s'enorgueillit de posséder un ensemble architectural unique !

Créée en 1281 par le Sénéchal du Roi, elle surclassa aisément sa voisine, Naucelle, distante de moins de 3 kilomètres seulement à vol d'oiseau.

Mais cette dernière allait prendre sa revanche quelques siècles plus tard : c'est elle qui sera sur le tracé du chemin de fer, laissant Sauveterre isolée.

Partons à la découverte de cette "belle endormie" en période hivernale...

Il existe en France de nombreuses communes appelées "Sauveterre" (ou son équivalent "Salvetat"), essentiellement dans le sud. J'en ai dénombré près d'une vingtaine en Occitanie.

Les sauvetés sont des territoires créés à l'initiative de l'église (XIème -XIIème siècles), bénéficiant d'une garantie de non-agression accordée par le seigneur local.

Les abbés ou les chevaliers invitent des "hôtes" pour assurer le défrichement et la mise en valeur de leurs terres, offrant des "libertas" aux nouveaux arrivants.

Ceux qui cherchent refuge contre la violence des guerres féodales créent de nouveaux villages, où les habitations sont regroupées autour d'un édifice religieux.

Au sud de la ville se trouvent les vestiges des fortifications : il reste 2 portes (sur quatre), une tour d'angle et une partie du grand fossé encore en eau. Aménagées au début du XIVème s, les remparts furent détruits dans la seconde moitié du XIXème.

Au nord de la ville, les anciennes douves sont occupées par un parterre engazonné et arboré.

Les deux portes d'accès à la localité encore en place se trouvent à quelques mètres seulement de distance.

La porte Saint-Vital, par où s'effectuait l'accès principal, était desservie par un pont en pierre et comprenait un poste de péage.

Sur l'autre porte trône Saint-Christophe, statue en bois polychrome du XVIIème siècle, afin de protéger voyageurs et commerçants...

Comme toute bastide, ces villes neuves du Moyen-Age, l'organisation du village de Sauveterre est caractérisée par son plan en damier, avec ses rues qui se coupent à angle droit...

Cette structure géométrique était à l'époque un moyen de regrouper et de contrôler la population. Les maisons sont rassemblées par lots (de nos jours nous disons lotissements), et la majorité des rues conduisent vers la place centrale.

En outre, à son arrivée, chaque nouvel habitant recevait un jardin, situé hors des remparts de la ville, pour lui permettre d'effectuer des cultures et de se nourrir.

 

La gigantesque Place des Arcades, espace central bordé de couverts qui abrite toujours quelques boutiques, est le signe de la prospérité de la localité au XVIème siècle.

Les rues principales, et notamment celles qui sont dans le prolongement des portes d'entrée de la ville, convergent de manière rectiligne vers cette place.

Formant un rectangle de 60 m de long sur 30 m de large, ce vaste espace où trône un puits au milieu, accueillait foires et marchés.

La place est bordée d'élégantes demeures bourgeoises, en pierre de taille, couvertes de toits en lauzes. Chaque rez de chaussée abritait dans la plupart des cas un commerce, auquel on pouvait accéder par l'une des 47 arcades arrondies ou de forme ogivale qui s'ouvrent sur la place.

Les larges couverts continus permettaient de se déplacer au coeur de la bastide quelles que soient les conditions météo. Des escaliers extérieurs mènent aux caves qui servaient de stockage et de réserve.

Si de très nombreuses constructions du village (disons plus modestes) sont fidèles à l'architecture médiévale traditionnelle (murs en torchis, encorbellements, colombages), d'autres par contre réflètent l'oppulence qu'a connue la localité au XVIème siècle notamment.

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C'est le cas de la plupart des grandes et hautes maisons qui entourent la place à arcades, comme par exemple la Maison Garrigues-Moly qui abrite la mairie de la bourgade, et dont on peut visiter librement les parties communes (escaliers en pierre, tourelle, balcon en bois, cour intérieure, puits, colonnades, ouvertures et plafonds en ogive sculptés,...).

Les nombreuses pierres nécessaires à leur construction proviennent essentiellement de carrières sises dans la vallée du Cérou, petite rivière qui parcourt le nord-est du département du Tarn voisin.

Ces habitations appartenaient aux hommes d'argent et de loi qui dominaient la cité, ainsi qu'aux riches artisans ou commerçants de la place : cloutiers, sabotiers, tisserands, cordiers,...

Ces marques de richesse sont incrustées sur la façade de ces maisons à pans de bois : portes ouvragées, pierres ornementales taillées, sculpture de scènes de la vie quotidienne, linteaux gravés,...

Cette période faste pour Sauveterre contraste avec la pauvreté vécue à la même époque par les campagnes avoisinantes du Ségala. Toutefois, à partir du milieu du XVIIème siècle, l'essor de la bastide s'essouffle puis s'arrête : épidémies de peste, bourg écarté des nouveaux axes de circulation (Canal du Midi par exemple).

La collégiale Saint-Christophe, parée d'ors et de dorures, illustre également la réussite et la prospérité de la ville grâce au commerce et à l'artisanat.

Cette église paroissiale, de style gothique, a été construite au XIVème siècle, à proximité des remparts, l'ancien donjon des fortifications devenant clocher de l'édifice religieux...

L'intérieur de sa nef unique est particulièrement riche pour une maintenant modeste église de campagne : rétables en bois dorés à la feuille d'or, stalles ouvragées, chaire finement sculptée,...

A son époque florissante, elle a abrité une communauté de prêtres issus des plus grandes familles locales, placée sous la protection des consuls sauveterrats.




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