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Sainte-Énimie & Saint-Chély :

"plus beaux villages de France"...

et des Gorges du Tarn !

 

1 : Sainte-Énimie, et sa princesse mérovingienne

Sainte-Énimie (537 habitants), classée parmi les plus beaux villages de France, est située au coeur des Gorges du Tarn, au pied du Causse de Sauveterre...

Selon la légende*, la princesse mérovingienne Énimie (soeur du Roi Dagobert), aurait été guérie de la lèpre grâce aux vertus des eaux de la source de la Burle, autour de laquelle le bourg s'est ensuite développé...

Le village est dominé par les restes de son monastère fortifié, qui abrite actuellement le collège du secteur. Les moines y vécurent jusqu'en 1793, puis fut incendié. En 1870 commencèrent les travaux de restauration...

Les vieilles ruelles pavées partent à l'assaut du village et permettent sa découverte. Il a gardé de nombreuses empreintes de son riche passé en dépit de son isolement...

De nombreuses maisons à colombages et encorbellements, dont la plupart sont restaurées et certaines même classées, sont disséminées au pied de l'ancien monastère...

Les ruelles débouchent parfois sur des placettes minuscules, égayées par de nombreuses fleurs ou vignes vierges. En général, l'habitation se situe au premier étage de la maison. On y accède par un escalier en pierre, situé à l'extérieur, souvent en forme de pont quand la pente du terrain est trop accentuée...

Le rez de chaussée quant à lui est généralement composé de pièces voûtées, entièrement réalisées en pierres du pays. L'entrée s'effectue par un petit portail, car autrefois ces salles servaient d'étable et de grange...

L'église romane de Notre Dame du Gourg, du XIIIème siècle, abrite diverses staues de bois et de pierre, ainsi qu'une céramique illustrant la vie de Sainte-Énimie. A côté du bénitier, une marque matérialise le niveau atteint par une crue du Tarn en 1900...

Située dans une boucle de la rivière et dans une partie resserée des Gorges, la bourgade a été de tout temps un lieu de passage incontournable : draille de transhumance vers l'Aubrac, Camin Ferrat. Un premier pont du XIIIème siècle qui a vu passer de nombreuses caravanes de muletiers, remplacé par ce pont en pierre du XVIIème, ont favorisé la communication et le commerce entre plateaux (Causses Méjean et de Sauveterre) et fond de vallée...

En 1945, alors que la commune se dépeuple, Sainte-Énimie joue à fond la carte du tourisme : restauration des rues et des maisons, développement de l'hôtellerie et du commerce, édition d'un guide de visite. Actuellement, 600 000 à 800 000 personnes transitent chaque année sur le site, et en été le village est vite saturé par une trop forte affluence...

Comme toutes les cités touristiques, de nombreuses échoppes (occupant souvent les anciennes caves voûtées) proposent réalisations artisanales ou objets de pacotille le long des ruelles piétonnières...

Et pour ceux qui préfèrent les activités sportives au shopping, le Tarn est tout proche, tout comme les loueurs de canoës. Avec la chaleur, les berges de galets se transforment en plage, et les "planiols" (biefs d'eaux calmes) accueillent les baigneurs...

Si le village de Sainte-Énimie constitue le noyau principal de la commune, celle-ci est très étendue et comporte 7 autres hameaux, dont le principal est celui de Saint-Chély du Tarn, situé quelques kilomètres en aval...

 

2 : Saint-Chély, perle des Gorges du Tarn

Le cirque de Saint-Chély :

Le village de Saint-Chély est lové au pied d'une vaste falaise de la rive gauche du Tarn, dans un site vraiment grandiose. Nous sommes là à peu près au milieu des Gorges du Tarn, à égale distance de Florac et du Rozier qui en composent les extrémités.

Dans ce secteur, se succèdent deux magnifiques cirques, liés au parcours tortueux de la rivière.

A gauche, en aval, celui de Pougnadoires délimité par de hautes murailles percées de cavernes (et dont les maisons du hameau s'encastrent dans les enfractuosités de la roche). Au centre, le méandre encaissé de St-Chély, constituant un nid de verdure cerné de sombres falaises.

En face, une route en corniche partant de Sainte-Énimie permet de rejoindre le plateau portant le Causse de Sauveterre.

Le pont d'accès :

La majorité des localités d'importance des Gorges du Tarn ont été implantées sur la rive droite de la rivière, et se trouvent donc sur l'axe routier principal qui parcourt le fond du canyon lozérien. Saint-Chély du Tarn est l'un des rares villages à être situé sur la rive opposée à la route, et accessible en voiture.

Pour franchir le cours d'eau un pont composé d'une seule arche franchit le cours d'eau au niveau de la haute falaise occasionnant le méandre du Tarn. Construit au XIXème siècle, à la sortie d'un petit tunnel permettant le franchissement de l'imposante barre rocheuse, il est l'unique accès carrossable qui débouche sur l'a seule petite place du bourg.

L'église romane :

L'église de l'Asomption, construite au XIIème siècle, est la première construction que l'on rencontre à main gauche après avoir franchi le pont. Toute sa structure relève de l'art roman, et est répertoriée en tant qu'édifice roman remarquable du Massif Central.

Seule sa porte est de style gothique.

Sa nef unique en berceau légèrement brisé se termine par un chevet pentagonal composé de lourds arcs muraux. Colonnes et chapiteaux sculptés ornent l'intérieur de l'édifice.

Le four banal :

Il fait face à l'église sur l'unique placette du village, ce qui montre l'importance qu'il avait jadis pour l'alimentation de la population. Nécessitant beaucoup de bois pour le chauffer (après 3 à 4 heures de feu intense), la réserve de pain était faite pour trois semaines environ afin d'économiser le combustible.

Outre le pain , les habitants y cuisaient également tourtes ou tartes, "fougasses" à l'approche des fêtes, et "poumpets" pour les enfants (petits pains farcis de coing ou de pomme). Et pour ne rien laisser perdre de la chaleur après cuisson, chaque ménagère glissait dans le four son "toupi" (cocotte en terre cuite) dans lequel mijotaient pendant de longues heures soupes, potées ou viandes en sauce...

Les maisons du village :

Saint-Chély n'est plus un village indépendant (depuis 1972), mais constitue un hameau comptant seulement quelques habitants permanents, excentré de la commune de Sainte-Énimie située 3 km en amont. Voie de passage incontournable dans cette région difficile d'accès, le hameau a été de tous temps un lieu de résidence ou a servi d'étape aux gens de passage.

Les constructions sont resserrées les unes contre les autres, laissant peu de place aux ruelles courtes et étroites. De nombreuses maisons conservent portes, fenêtres ou cheminées de style renaissance. Des trois châteaux qui existaient à St-Chély, seule subsiste une gentilhommière à tour ronde.

Grotte et chapelle de Cénaret :

En empruntant le lacis de ruelles qui descendent vers les bords du Tarn, passant au milieu des demeures magnifiquement restaurées dans le respect du bâti du pays, on atteint la chapelle de Cénaret, construite à l'entrée de la grotte du même nom.

Cet édifice roman du XIIème siècle, surplombant la rivière de quelques mètres, ferme l'entrée d'un lac souterrain et les vestiges d'un ancien moulin. Au-dessus, se dresse la barre rocheuse ocrée et alvéolée qui force le cours d'eau à amorcer le méandre de Saint-Chély.

Les résurgences :

Cette chapelle est située à proximité d'une des deux résurgences (celle-ci assez discrète) qui viennent se jeter dans le Tarn au niveau du village. La deuxième est beaucoup plus voyante et prolifique : née au pied de la falaise, puis canalisée, elle longe la placette du village sur quelques mètres avant de se déverser en cataracte dans la rivière.

De nombreux baigneurs ou canoïstes viennent d'ailleurs se rafraîchir au pied de cette chute verdoyante et moussue. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, peu de résurgences ou de ruisseaux viennent se jeter dans le Tarn tout au long de ses gorges : une quarantaine seulement !

En prenant de la hauteur :

Malgré la verticalité du cirque qui entoure Saint-Chély, de nombreux sentiers rayonnent depuis le village, dont un qui part à l'assaut de la falaise. Il résulte de l'ancien chemin qu'empruntaient autrefois les paysans du plateau pour descendre leurs céréales au moulin du village, remontant au retour les denrées introuvables sur le Causse.

En quelques lacets se jouant des falaises, on franchit assez rapidement les 400 mètres de dénivellation qui séparent le bourg d'un des belvédères qui le dominent. C'est sûr que ça grimpe et qu'il fait chaud, mais quel panorama à l'arrivée ! Il sera toujours temps de plonger dans l'eau vivifiante du Tarn au retour...

Le Sentier de la vallée du Tarn :

Outre ce chemin reliant vallée et plateau, le village est traversé par le "Sentier de la vallée du Tarn" (empruntant des portions du "Camin Ferrat", ancienne voie romaine), sympathique et spectaculaire parcours de randonnée qui suit tout le fond des Gorges... Somptueux !

Prenant tantôt un peu de hauteur pour franchir un éperon rocheux, taillé parfois en balcon à flanc de paroi, se glissant tantôt sous la voûte végétale en bordure de la rivière, il permet une découverte tranquille du canyon au rythme de ses pas, loin de la circulation et de la foule.

Ce sentier situé en rive gauche, c'est à dire à l'opposé de la route, dessert des maisons ou des hameaux qui ne sont accessibles qu'à pied, ou en barque !... Tel est le cas du "village" de Hauterives, situé à 6 km environ de Saint-Chély.

Son isolement lui a permis de ne subir aucune modification architecturale depuis la fin du XIXème siècle, conservant ainsi toutes les caractéristques des constructions caussenardes...

Pour ceux qui randonnent sur plusieurs jours, un gîte les attend, avec chambres voûtées aux pierres calcaires apparentes : calme assuré au sein d'une nature préservée (castors, vautours,...) et superbe plage de sable fin...

Le hameau d'Hauterives :

Les maisons du hameau, dont la plupart sont restaurées, ont conservé leurs caractéristiques d'origine. Elles se composent en général de trois étages : l'étable et la cave occupent les rez de chaussée, avec au premier l'habitation, surmontée elle-même d'un grenier.

Elles sont construites uniquement en pierre, sans charpente en bois, selon le principe des voûtes en plein cintre ou en berceau brisé.

Le village a été implanté à l'origine à un endroit qui permettait de ne pas empièter sur les terres cultivables (noter à l'arrière-plan les anciennes terrasses maintenant abandonnées), et hors de portée des crues de la rivière.

Afin de pallier l'absence de route pour rejoindre les maisons, une petite nacelle sur câble, motorisée, effectue le transport des matériaux ou des denrées d'une rive à l'autre...

Le château d'Hauterives :

Au-dessus du village, à flanc de falaise, se devinent dans le contre-jour les ruines imposantes de l'ancien château d'Hauterives. Elles constituent l'un des multiples éléments de défense qui s'échelonnent tout au long des Gorges. De tous temps, les populations ont tiré profit des possibilités défensives naturelles issues de ces hautes parois.

Ce fort permettait le contrôle du trafic sur la rivière et du passage entre le Causse Méjean et la vallée. Il appartenait aux Comtes de Rodez, par l'intermédiaire des Vicomtes d'Arpajon. Le château était déjà mentionné en ruines au début du XVIIIème siècle...

La descente des Gorges sur l'eau :

S'il est intéressant de parcourir les Gorges à pied soit au niveau du courant, soit sur les berges de la rivière, il est aussi très intéressant (pour ne pas dire incontournable) de les découvrir au fil de l'eau !...

C'est à la fin du XIXème siècle qu'un service de navigation en barques fut mis en place pour satisfaire les touristes qui commençaient à affluer dans la région.

Par la suite, et notamment depuis le début des années 70, d'autres embarcations ont été proposées aux vacanciers : canoë, kayaks, rafts,...

Des parcours variant de 8 km à 53 km (soit l'intégralité des Gorges, sur 3 jours) sont proposés de Pâques à Toussaint par les multiples loueurs qui essaiment la vallée du Tarn. Un système ne navettes permet de retrouver son véhicule une fois la descente effectuée.

Équipés de bidons étanches pour protéger vivres de course et affaires de rechange, munis de gilets de sauvetage, et éventuellement d'un casque pour les enfants, nous voilà partis sur les eaux limpides du Tarn...

Maniant énergiquement la pagaie pour parcourir l'eau calme des "planiols", ou l'utilisant comme gouvernail pour franchir la succession de rapides qu'offre le trajet, voici une façon ludique et rafraîchissante de découvrir les superbes falaises qui nous dominent, leurs surplombs et leurs corniches, les cirques ou les grottes, les villages et les diverses curiosités...

Chacun peut adopter son propre rythme, et le calme de l'embarcation filant silencieuse sur le courant, permet parfois de surprendre un castor ou un martin-pêcheur.

On peut tout à sa guise s'arrêter pour un petit bain de soleil sur un recoin de pelouse propice, investir une vasque limpide pour une agréable baignade, se rafraîchir sous l'eau écumante d'une cascade, ou stopper les pagaies pour pique-niquer sur une jolie plage de sable ou de galets bien ensoleillée...

Rien n'empêche également d'abandonner quelques instants son canoë pour partir à pied à la découverte de la nature préservée des Gorges ou de leur patrimoine intact.

Bon, c'est sûr qu'en haute saison vous ne serez pas seuls sur les eaux du Tarn, mais ce serait dommage de visiter cette région sans goûter à cette autre façon de l'appréhender...

 * La légende de Sainte-Énimie :

Vers la fin du VIème siècle après J.C., Clotaire II (roi des Francs), règne sur une lointaine contrée du nord du Pays. Le souverain a deux enfants : Enimie et Dagobert. L'éclatante beauté de la jeune princesse mérovingienne suscite bien des convoitises parmi les nobles du Royaume. La vertueuse princesse, mariée à Dieu, refuse fermement les prétendants que son père lui impose. Elle implore le Seigneur de lui venir en aide afin de conserver sa pureté. Dieu l'exauce, et lui inflige la lèpre, terrible maladie qui défigure la princesse.

Enimie est enfin débarrassée de ses prétendants et peut consacrer sa vie au Seigneur. Cependant, devant le désarroi et les remords de ses parents, et face à cette maladie qu'aucun médecin ne peut guérir, la jeune princesse implore à nouveau l'aide de Dieu. Un ange messager apparaît et lui dit : "Rends-toi avec ton escorte dans la lointaine province du Gévaudan, dans un lieu appelé Burlatis. Les bergers te guideront vers une source dont l'eau guérira les plaies de ton corps". La princesse et son escorte se mettent en route. Après un long et pénible chemin, le cortège royal atteint enfin Burlatis. Enimie baigne son corps meurtri dans l'eau froide et bleue de Burle et guérit par miracle. Sur le chemin du retour, la maladie réapparaît. Ce n'est qu'après un troisième bain qu'elle comprend son destin : rester à jamais dans cette région pour évangéliser les populations.

Elle mène une vie solitaire et accomplit de nombreux prodiges. Elle est nommée abbesse par l'Evêque Ilère et fonde un couvent mixte au village. D'après la légende, Enimie et Ilère ont combattu le Drac, incarnation du diable. Le chaos du Pas de Soucy est le reflet de cette lutte. Elle passe la fin de sa vie retirée dans une grotte (aujourd'hui l'Ermitage).

Après sa mort vers 628, son frère Dagobert, devenu roi, ramène ses reliques à la basilique Saint-Denis. Mais grâce à une ruse de la princesse, ce sont les reliques de sa filleule, elle aussi prénommée Enimie, qui reposent auprès des rois de France.

Les reliques de la princesse sont conservées à l'Ermitage jusqu'en 1970, date à laquelle elle furent volées.

Un pèlerinage a lieu chaque année à l'Ermitage, pour célébrer la patronne du village (1er dimanche d'octobre).




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